Un an après son "casse-toi pov' con", le chef de l'Etat a pris toutes les précautions pour être bien accueilli par le public, lors de sa venue ce samedi au Salon de l'agriculture. Pari réussi, mais pari forcé. Si sa visite s'est déroulée dans un climat chaleureux, tout avait été prévu pour.
La sécurité, d'abord. En plus des agents de sécurité élyséens qui guettaient dans les allées alentours, deux cordons de gardes du corps encadraient Nicolas Sarkozy et le long cortège présidentiel. Le premier autour de lui, et l'autre pour retenir les visiteurs et exposants qui n'étaient pas autorisés à s'approcher.
Les médias, ensuite. Entre les deux cordons, quelques journalistes dûment sélectionnés en possession d'un badge "Présidence de la République - Pool". Les seuls qui avaient droit de cité autour du chef de l'Etat. Les autres accréditations de presse ne permettaient à peine plus de s'approcher qu'un simple ticket d'entrée.
Pour beaucoup de journalistes, impossible d'entendre un seul mot de Nicolas Sarkozy. Surtout, un bon moyen d'éviter que ressurgisse une vidéo à la "Casse-toi pov' con", qui avait été filmée l'année dernière par une agence de pigistes, YouPress.
Le public, enfin. A côté des jeunes UMP venus acclamer Nicolas Sarkozy, la sécurité du Président veille. "Attention à l'homme en anorak rouge avec des cheveux blancs et des tracts verts à droite du cortège", "éloignez le gros barbu qui s'approche devant en jean et pull bleus"... Et lorsque certains osent dégainer une pancarte, ils sont écartés. Temporairement. On ne perturbe pas la visite du chef de l'Etat.
Des militants contre les agrocarburants "encagés" dehors
C'est ce qui est notamment arrivé au collectif "Les agrocarburants, ça nourrit pas son monde". En amont du passage du Président et du ministre de l'Agriculture, moins d'une dizaine de représentants de trois associations reconnues, Les Amis de la Terre, CCFD - Terre solidaire et Oxfam France, ont été "encagés" (c'est le terme utilisé par le service de sécurité présidentiel) à l'extérieur du Parc des expositions de Paris.
Leur crime: être déguisé en épi de maïs ou affublé d'un masque de Nicolas Sarkozy ou de Michel Barnier, voire même de brandir une affiche "Agrocarburants = danger"... Le tout, dans la bonne humeur. La sanction ne s'est pas fait attendre: contrôle d'identité puis expulsion, jusqu'à la fin de la visite du chef de l'Etat au salon.
"On espère qu'au moins une personne à l'Elysée lit Rue89, peut-être fera-t-elle passer nos revendications à Nicolas Sarkozy ou à Michel Barnier", s'amusait l'un des militants, après avoir été relâché. Voici donc ce que disait leur dangereux tract:
"Loin d'être la solution miracle pour compenser l'épuisement des réserves de pétrole et lutter contre le réchauffement climatique, les agrocarburants, produits à grande échelle dans les pays du Sud, aggravent la crise alimentaire en empiétant sur les cultures vivrières destinées à nourrir les populations locales.
Malgré ces dangers, les dirigeants français et européens ont décidé d'incorporer 10% d'agrocarburants dans nos réservoirs d'ici à 2015 en France et d'ici à 2020 dans toute l'Union européenne. Nous contestons cette mesure injuste qui a des conséquences dramatiques pour les populations les plus pauvres."
Des militants qui garderont un meilleur souvenir du Salon de l'automobile: "Au moins, là-bas, notre épi de maïs géant n'avait pas été enfermé dehors!"
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Ailleurs sur le Web
► Le site officiel du Salon de l'agriculture
► Le site du collectif "Les agrocarburants, ça nourrit pas son monde"
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