07 juillet 2013

Article de Gérard Filoche le 6 juillet 2013

CGT, FO, FSU, Solidaires appellent à une journée de grèves et manifestations le 10 septembre pour nos retraites : pas un trimestre de plus, pas un euro de moins

Ca y est, on va y aller. Notre gouvernement doit nous entendre.

Oui, car c’est NOTRE gouvernement, nous l’avons voulu, nous l’avons élu, nous l’avons soutenu.

Sans nous, salariés, il n’est pas en place. Nous avons été entre 63 et 70 % de ceux qui produisent les richesses de ce pays par le travail… à voter pour lui.

Nous n’avons pas chassé le malfaisant Sarkozy pour qu’il fasse pareil. La gauche a été élue notamment grâce aux manifestations de 2010 pour défendre nos retraites. Il y a eu 8 millions de manifestants dans la rue, au moins une fois cette année là. Chacun se souvient derrière quelle banderole il était. Tout le monde se souvient des « points fixes » faits par le PS et tous ses dirigeants sur le passage des cortèges. Tout le monde se souvient des jeunes du MJS qui criaient « 60, 60, 60 à taux plein ». Les huit syndicats ont organisé des cortèges dans l’unité de bout en bout depuis le mois de juin jusqu’en novembre. 75 % de l’opinion était pour la retraite à 60 ans sans décote. Il y a même eu un moment, bref, à la mi octobre, lorsqu’il y eut des barrages et une pénurie d’essence, ou l’on sentit comme une possibilité de mai 68. On a été au bord de l’explosion. Sarkozy, forcené, retranché dans son bunker de l’Elysée n’a rien voulu entendre, mais il l’a payé électoralement. Rien de tout cela ne s’oublie.

La gauche n’a pas été élue pour attaquer nos retraites mais pour les restaurer. Les sales réformes toutes injustifiées, de la droite, en 1993, 1995, 2003, 2007, 2010, ont baissé nos retraites en moyenne de 30 %. C’est déjà énorme comme recul – d’autant plus inacceptable que la France n’a jamais été aussi riche. La moyenne des retraites des femmes est en dessous de 1000 euros, celle des hommes est autour de 1400 euros, la moyenne générale est de 1200 euros : comment vivre décemment avec ca ? Il faut les ré augmenter, les indexer sur les salaires, il faut l’égalité femmes hommes, pas de retraite en dessous du Smic.

Tous les racontars et désideratas, tous les schémas et plans compliqués, tous les mensonges et légendes sur les « déficits », sur la « démographie », « l’allongement de la vie » tout ça n’a qu’un but : allonger les annuités, retarder les départs, désindexer les retraites des prix, ça ne vise qu’à baisser le niveau des pensions.

La vérité, c’est que nos retraites ne sont pas en danger, 90 % de la dette ne provient pas de nos caisses de retraite ni de la sécurité sociale. Et les 10 % de la dette qui en proviennent sont tout à fait contestables, conjoncturels, seulement dus au chômage, au blocage des salaires et des cotisations sociales.

La retraite par répartition, c’est du solide : elle va directement de ceux qui travaillent à ceux qui sont en retraite. La retraite ce n’est pas une épargne, c’est du salaire. Pas besoin de passer par les fonds de pension risqués et maudits.

Alors oui, on peut, on doit garder la retraite que la gauche a mise en place il y a 30 ans. Si on vit (un peu) plus longtemps, c’est pour en profiter plus longtemps. Si on vit plus longtemps c’est en grande partie grâce à la retraite à 60 ans. Si on part plus tôt, on mourra plus tôt, comme disent les égoutiers « départs retardés, mort prématurée ». Tous les métiers sont durs entre 60 et 65 ans. D’ailleurs l’espérance de vie en bonne santé baisse depuis 2008, de 64 vers 63, 62 ans… On veut du bonheur à la retraite, des années à soi, pas une retraite grabataire. On veut pouvoir vivre nos retraites, voyager, agir pas être confinés, écartés, reclus. La retraite à 60 ans, devrait être calculée sur les 10 meilleures années, 75 % de reversement, 35 annuités ( comme en Allemagne) indexée sur les salaires.

De toute façon les « seniors « sont virés à partir de 55 ans, les annuités cotisées au travail baissent dans la vie réelle, 40 % des retraites subissent une décote, et pour les autres, ce sont les annuités validées au chômage qui augmentent. C’est absurde d’avoir baissé la durée du travail sur la semaine (35 h) et de l’allonger sur la vie. Revenons à 60 ans pour tous, ça fera au moins du boulot pour les jeunes.

On prépare à fond la rentrée de septembre 13.

Notre idée, à D&S, était de faire mieux qu’en 2010 ! Nous avons un atout essentiel : ce sera plus facile de gagner, bien sur, avec la gauche, que contre le malfaisant et provocateur Sarkozy. Sarkozy était aux ordres du Medef. La gauche est sous pression, elle est poreuse aux exigences des salariés, elle peut elle devra entendre. Si on est plus fort que la finance, nous aurons nos retraites sauves !

1°) La première action a été de construire un appel unitaire avec Attac, Copernic, et 30 associations, partis, syndicats, comme en 2010. A l’époque nous avions fait 200 meetings autour des 5 grandes manifestations « temps forts » de septembre à novembre. Cette fois nous voulions que les syndicats soient au cœur, non seulement des manifs mais des meetings. Que les dirigeants des grandes centrales soient les principaux orateurs des grands meetings populaires dans 10 grandes villes au moins.

On avait commencé, il y a eu un plan, un projet d’appel, le début d’une liste. Mais les rapports entre les syndicats sont parfois prudents et délicats, il faut de la diplomatie et du temps pour respecter les rythmes et l’unité. Plusieurs aller retours ont été nécessaires pour qu’un appel voie le jour le 10 septembre entre CGT, FO, FSU et Solidaires.

2°) Attac et le reste du « collectif retraite 2010 », ont donc rédigé un appel les 24 juin, 3 juillet, qui est rendu public le mercredi 10 juillet. L’appel « retraite 2013 » est un compromis entre des forces qui ne rêvent que d’en découdre avec le gouvernement de gauche et des forces qui savent combien l’unité la plus large est nécessaire pour gagner. Nous allons le signer en dépit de ses imperfections afin de ménager l’unité ultérieure avec les syndicats, avec toute la gauche.

Mais nous le disons, la cible n’est pas le gouvernement, la cible c’est la défense de nos retraites. Notre volonté est de convaincre notre gouvernement pas de l’affronter. Ce que nous dénonçons ce sont les exigences de la Commission européenne et du Medef. Si nous reprochons quelque chose à la gauche au pouvoir, c’est d’être tentée de céder aux libéraux, à la troïka, aux marchés.

Nous voulons que puissent participer dans le mouvement tous les militants socialistes mais aussi tous les militants CFDT. Nous n’avons aucun ennemi à gauche. Nous n’avons aucun adversaire syndical. Pas d’exclusive. Pas de diversion. Pas de dispersion. Pas de division. Ceux qui voudraient cliver au sein de la gauche se tromperaient. Notre combat a un seul objectif : « pas un trimestre de plus, pas un euro de moins. »

3°) Nous signons donc une tribune dans la presse avec des dirigeants du PCF, du NPA, des Verts, de Copernic. Elle ne vise pas le gouvernement de gauche. Elle ne met en cause ni François Hollande, ni Jean-Marc Ayrault, ni personne à gauche Elle demande à ce que nos retraites a toutes et tous soient protégées de tout nouveau recul. Elle appelle à l’unité en ce sens.

4°) Nous engageons dans le Parti socialiste, un débat avec tous les militants car nous les savons très majoritairement favorables au rejet de toute nouvelle attaque contre nos retraites. Les jeunes socialistes du MJS l’ont dit officiellement dans une belle déclaration publique avec toutes les organisations de jeunesse. Les femmes socialistes qui militent à « Osons le féminisme » l’ont dit également dans un très bel appel « les femmes ne doivent pas battre en retraite ». Les militants socialistes de toutes motions approuvent volontiers des « déclarations » dans les bureaux fédéraux ou les sections, qui demandent au gouvernement de renoncer a allonger les annuités de cotisation et donc, à baisser les retraites. Un « appel » national est en préparation, qui devrait pouvoir réunir toute la gauche du parti, motion 4, motion 3, UMA, et bien au delà, car presque toujours les membres de la motion 1 l’approuvent vigoureusement : « Les socialistes pour nos retraites ». Pendant l’été, tel est l’objectif, commencer à avoir le maximum de signataires sur cet appel.

5°) Il restera en septembre, autour de la première grande manifestation du 10 septembre, a relancer un appel de toutes et tous, syndicats d’abord, collectif unitaire ensuite, et toutes les forces éveillées, informées, mobilisées, associées, pour le plus grand rassemblement unitaire possible. Sans unité large, sans travail de conviction, de terrain entrainant le maximum de forces à gauche, impossible de mettre des millions de manifestants en branle. Ne pas confondre, ne pas diluer, ne pas élargir à tout et n’importe quoi : bien concentrer sur un objectif, simple, clair, « pas un trimestre de plus, pas un euro de moins ». Défendons nos retraites, faisons reculer les exigences de la Commission européenne, du Medef, pour que le gouvernement ne les relaie pas…

Nous avons la conviction que nous pouvons gagner. Nous devons gagner.

Il n’y a pas de raison de ne pas mobiliser massivement, la situation accumulée étant ce qu’elle est, exaspération, attente, besoin de gauche sont tels que, à condition de bien faire attention à l’unité, ça peut partir. Nos retraites c’est du sensible. C’est au cœur de la gauche. Il y a là une place Taksim, un jardin vert, un ticket de métro…

Cet article a été écrit par Gérard Filoche, publié le 6 juillet 2013