12 mars 2008

Merci MARIANNE !

C e devait être une promenade, ce sera un combat ! Christian Estrosi tombe de haut. Non seulement le « motodictate » va devoir accom­plir un second tour de piste, mais en plus la victoire est loin d'être acquise : avec moins de 40 % des voix, il devance juste d'une dizaine de points le candidat socialiste, Patrick Allemand. Jacques Pey­rat, le maire sortant (exclu de l'UMP), avec environ 20 % des voix, va le contraindre à une triangulaire qui pourrait s'avérer fatale pour le Sarko boy...

Elève de l'ancien édile corrompu Jac­ques Médecin, Christian Estrosi se mit au service de Jacques Peyrat, le maire sortant, avant de rouler pour lui-même.

Mais ce serviteur zélé de Nicolas Sarkozy a perdu son pari.

Non seulement il n'a pas été élu au premier tour comme il l'ambi­tionnait à l'automne, mais il devra passer par une triangulaire, où tous les coups risquent d'être distribués, contre le socia­liste Patrick Allemand et Jacques Peyrat, l'ancien cadre du FN, qui avait rejoint l'UMP avant d'en être exclu...

Dans une cité qui a plébiscité Nicolas Sarkozy à près de 70 % au second tour de l'élection présidentielle, les résultats du premier tour ont un goût amer.

Deux enseignements peuvent être tirés de la mise en ballottage du favori.

Tout d'abord, l'embarras d'Estrosi ne fait qu'illustrer la gêne, ces dernières semaines, de la Sarkozye tout entière. Sorte de clone de son mentor, l'actuel secrétaire d'Etat à l'Outre-mer a répété tout au long de la campagne sa volonté d'« ouverture », ressassé son « dynamisme » et a promis qu'une fois élu il se dévouera pour toutes les victimes... « C'est un mauvais copié-collé de Sarkozy », résume le socialiste Patrick Allemand.

Pour preuve : il a poussé le mimé­tisme jusqu'à recourir aux services d'un industriel milliardaire et avionneur...

En janvier, pour pouvoir assister à un apéritif élyséen, Christian Estrosi annula son vol régulier sur Air France et commanda un jet privé à Dassault afin d'être dans les temps à un rendez-vous officiel à Washington. Coût de la balade : 138 000 ! L'histoire fit tache. Même à Nice.

Un temps flatteuse, la comparaison présidentielle est désormais devenue embarrassante.  Et si à Paris Estrosi paraît toujours au premier rang des sarkophiles, à Nice il en mène un peu moins large. Au point, extraordinaire, de ne plus arbo­rer le sigle de l'UMP sur ses affiches... «M. Estrosi serait donc, comme moi, exclu de l'UMP... » ironisait Jacques Peyrat à la veille du scrutin.

L'autre enseignement du premier tour est dans le brouillage du message prési­dentiel sur le non-cumul des mandats pour les ministres. Christian Estrosi, qui est aujourd'hui secrétaire d'Etat, rêve de devenir ministre de l'Aménagement du territoire tout en conservant la présidence du conseil général des Alpes-Maritimes et la direction de la fédération UMP du département. « Cela signifie qu'en réalité, Nice et les Niçois, il s'en fout », disent en choeur Allemand et Peyrat, qui prédisent une « mainmise des Sarko boys » sur la ville en cas de succès d'Estrosi.

Une triangulaire «sanglante»

Dans ce contexte, les coups vont pleuvoir jusqu'à dimanche prochain. Jacques Pey­rat, qui n'a déjà pas ménagé celui qui l'a soutenu au conseil municipal jusqu'en octobre dernier, promettrait de dévoiler quelques histoires passées et secrètes...

Un sondage TNS-Sofres paru dans le Figaro la semaine dernière donne pour le second tour 44 % à Estrosi, 33 % à Allemand et 22 % à Peyrat.
Mais tous les sondages le donnaient au-dessus de 40% au premier tour... Prudence, donc !

D'autant plus que les inextinguibles haines de la droite niçoise pourraient changer le cours de cette victoire annoncée. Témoignage de la tension qui règne à la veille de cette triangulaire « sanglante », tous les esprits s'échauffent autour d'un éventuel débat télévisé. Allemand et Peyrat sont partants. Estrosi dit oui, puis dit non. «Il voudrait dicter ses conditions », sourit un proche du candidat socialiste. «Mais au final on sait très bien que, comme avant le premier tour, il se défilera », ajoute-t-on chez Peyrat.

Pour Estrosi, le plus difficile, dans ce désagréable ballottage, sera de réussir à se faire entendre sans invoquer sans cesse Nicolas Sarkozy... • Eric Decouty

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